Bourse: Un premier semestre euphorique pour les minières / L'Economiste 11/08/2010
2010-2011 avait été annoncée, par les analystes, comme l’année des minières. Jusque-là elles tiennent le bon bout. Dans le sillage d’un Masi en état de grâce lors du premier semestre, le secteur des mines a enregistré une hausse de 72,7%, la meilleure performance sectorielle du marché. A fin mars, il était déjà en tête de peloton des plus fortes hausses du marché.
Il faut dire que le secteur bénéficie d’une évolution favorable des cours des matières premières depuis le début de l’année. Le cours du cuivre a dépassé la barre des 8.000 dollars la tonne en avril, avant de revenir à 7.420 dollars ce mois. Mais ce niveau est bien loin des 3.151 dollars enregistrés en février 2009. De l’avis des experts, «le cuivre devrait poursuivre sur sa tendance haussière encore longtemps».
L’or suit également le même mouvement avec un cours à 1.194 dollars le 4 août. En juin, le métal jaune avait flirté avec ses plus hauts niveaux historiques avec un cours à 1.252 dollars. Il a repris de la valeur au plus fort de la crise de la dette publique en Europe, confirmant son statut de placement refuge. Des sources, a priori sûres, puisqu’il s’agit des analystes d’UBS, pensent qu’il pourrait atteindre 1.500 dollars d’ici juin 2011.
Toujours est-il que la performance des minières ne relève pas principalement du vent favorable des cours des matières premières. Les investisseurs semblent assez confiants face aux orientations stratégiques des sociétés minières. La filiale de l’ONA envisage de se recentrer sur ses activités-clés notamment les métaux précieux (or et argent), le cuivre et le cobalt. L’objectif affiché est d’atteindre une taille critique de 250 millions de dollars par métal, grâce à la contribution des mines d’or de Bakoudou et d’Etéké au Gabon, mais également ceux du Soudan. Le développement de la branche cuivre et cobalt sera assuré par les gisements au Maroc, en République Démocratique du Congo et au Congo Brazzaville. D’ici 2015, la stratégie de la société minière prévoit un doublement du chiffre d’affaires pour atteindre 500 millions de dollars, a indiqué le management. La Compagnie minière Touissit n’est pas en reste. Le titre a fait un bond de plus de 50% en six mois. La société prévoit le développement de son activité sur le continent. Et probablement des acquisitions de sociétés minières en Côte d’Ivoire pour l’or et au Burkina Faso pour le zinc. Compte tenu de ces orientations et sur la base des cours à fin mars, les analystes de BMCE Capital Bourse avaient recommandé de conserver ces valeurs.
En dehors des mines, le secteur des logiciels et matériels informatiques a suscité un certain intérêt auprès des investisseurs. Il enregistre une hausse de 47% au premier semestre. La fusion entre Matel PC Market et Distrisoft a donné naissance à un géant dans la distribution de produits informatiques, en l’occurrence Disway. La nouvelle entité revendique une part de marché de 30%. L’opération a été globalement bien accueillie par les investisseurs puisque le titre s’est apprécié de 59%, atteignant un cours de 587 DH à fin juin. Il a également drainé un volume d’affaires de 367 millions de DH. En plus de la consolidation de son business au Maroc, la société envisage son développement à l’international. L’opérateur cible en premier lieu le marché maghrébin sur lequel il a des points d’entrée, notamment en Tunisie (filiale) et en Libye (export). L’Afrique de l’Ouest suscite également beaucoup d’intérêt aux yeux du distributeur, principalement le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone mais aussi le Cameroun en Afrique centrale. Il envisage l’implantation de filiales ou des partenariats.
La société HPS, autre valeur du secteur, est déjà allée loin dans sa politique de croissance externe avec l’acquisition de l’entreprise française ACP Qualife. Ce rapprochement devrait lui permettre de se renforcer sur le marché européen pour lequel son chiffre d’affaires est en perpétuelle croissance. Elle est passée de 10% en 2008 à 26% en 2009. A fin juin 2010, HPS a enregistré une hausse de 43% à la Bourse. Microdata et IB Maroc s’inscrivent également sur la même tendance avec des performances respectives de 51 et 45%.
Sur l’ensemble du semestre, l’intérêt s’est porté sur des secteurs dotés d’un potentiel jugé important et surtout dont l’ambition des entreprises à l’international n’a pas manqué d’attirer l’œil des investisseurs.
Dans ces conditions, et malgré la bonne dynamique du marché au cours du premier semestre, certains secteurs ont pourtant souffert notamment les boissons (-18%), sylviculture et papier (-30%). Par contre, d’autres ont affiché une petite forme, notamment les télécoms (+8,5%), les banques (+4%) et dans une certaine mesure l’immobilier qui affiche tout de même une hausse de 11%. Le secteur bâtiments et matériaux de construction fait encore mieux avec une progression de 28% à fin juin. Ce sont pourtant ces quatre derniers secteurs en plus de l’agroalimentaire et des mines qui devraient porter la croissance du marché d’ici mars 2011, selon les analystes d’Attijari Intermédiation.
Managem
Les investisseurs sont de nouveaux confiants sur la valeur Managem. C’est a priori ce que laisse croire la performance de la minière au premier semestre. Elle survole le marché avec une hausse de 104%. Elle apparaît également dans le top 10 des valeurs les plus liquides de la période. Les démons de 2008 semblent bien loin pour le groupe qui a dû faire à l’époque un profit warning de près de 600 millions de DH. Selon le management, «presque tous les problèmes de couverture sont derrière nous, excepté l’or et l’argent». Il reste encore 2010 à 2012 à couvrir pour l’or. L’engagement devrait s’atténuer pour l’argent vers la fin de l’année, indique-t-on auprès de la société minière. «2008 était une année atypique pour Managem, 2009 l’année du redressement. Nous attendons la confirmation en 2010», avance un analyste. Les résultats semestriels devraient donc en dire plus sur la santé financière du premier groupe minier du pays.
Assurance
Malgré une performance de 17% au pemier semestre, les assurances restent en retrait sur le marché en comparaison aux autres grands secteurs de la cote. «Jusque-là, la branche assurance est sous-représentée à la Bourse. Elle ne représente que 3% de la capitalisation totale. Ce qui limite les arbitrages aux yeux des investisseurs», relève un analyste. Déjà, l’introduction en bourse de CNIA Saada devrait donner plus de poids au secteur. En plus, une arrivée de RMA Watanya à la cote serait un argument de taille pour plaire aux investisseurs. Reste à ce que les intéressés franchissent le pas.
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