BONNE LECTURE BONNE INERPRETATION ET SURTOUT BONNE SANTE ET BONNE JOURNEE
ARTICLE DU JOURNAL L ECONOMISTELes cimentiers redoutent les risques de surcapacité
· Le démarrage des usines Addoha et Chaabi devrait exacerber la concurrence
· Un ralentissement de l’activité est attendu en 2009
Malgré le scepticisme qui plane sur le secteur de la promotion immobilière, les réalisations financières des trois cimentières cotées ont toutes pointé au vert.
Première à se démarquer du lot, Lafarge Ciments. En effet, malgré de fortes intempéries sur le marché et un renchérissement important des intrants (coke de pétrole et sacherie), son résultat courant d’exploitation est monté à 1,9 milliard de DH, en accroissement de 20,2%. Du coup, la marge opérationnelle s’est élevée à 45,5% contre 42% en 2007. La marge d’exploitation est ressortie, quant à elle, élargie de 3,7 points à 46,6%, «grâce notamment à la poursuite des actions de réduction des coûts opérés par la société», indiquent les analystes de BMCE Capital Bourse. Les comptes sociaux laissent, pour leur part, apparaître un chiffre d’affaires de 4,1 milliards de DH, en hausse de 11,1% comparativement à 2007. Incluant une reprise de provisions pour investissements, le résultat net s’est de son côté bonifié de 43,3% à 1,8 milliard de DH. La marge nette est ressortie en expansion de 9,8 points à 43,5%.
Face à tous ces agrégats solides, la société compte d’ailleurs gâter ses actionnaires en distribuant un dividende unitaire de 60 DH, soit un pay-out de près de 57,7%.
Malgré des indicateurs en embellie, Lafarge a quand même subi de plein fouet l’exacerbation de la concurrence sur le marché. «Au nord du pays, les réalisations commerciales du cimentier se trouvent négativement impactées par le tassement de la demande du marché de l’immobilier touristique». Une situation qui pourrait d’ailleurs se maintenir, ce qui laisse augurer «une évolution limitée des agrégats pour l’année 2009». De plus, l’installation de son challenger Holcim dans la région de Settat ne semble pas arranger les choses. Un concurrent qui veut d’ailleurs être présent sur le marché du Grand Casablanca et qui se donne les moyens pour y arriver. En 2008, Holcim a arboré un exercice plutôt en embonpoint. En témoigne un CA qui s’est établi à 3,1 milliards de DH en 2008, contre 2,3 milliards une année auparavant. Le résultat d’exploitation est ressorti à 947,62 millions de DH contre 663,75 millions en 2007. Le résultat net part du groupe est monté à 531,94 millions de DH. Concernant l’évolution du cours Holcim à la Bourse, après un an et demi (avril 2007 à septembre 2008) où il s’est situé entre 2.500 et 3.000 DH, il a été corrigé par le marché il y a 6 mois environ pour se stabiliser entre 1.500 et 2.000 DH. «Je pense que le comportement du titre Holcim reste correct. D’ailleurs notre action a suivi le même trend que d’autres actions du secteur du BTP», souligne Cédric Nater, directeur financier de Holcim. Rappelons que la société de ciment avait amorcé une opération d’emprunt obligataire de 3 milliards de DH afin d’accompagner sa croissance organique.
L’autre cimentier coté, Ciments du Maroc, bien qu’affichant des réalisations financières très convenables, ne semble pas avoir tout à fait profité de la dynamique du secteur en 2008. En raison de la saturation de ses capacités de production, la croissance de ses ventes n’a en effet pas dépassé 6,9%. Selon les analystes, la société «continue à pâtir de ses choix stratégiques antérieurs au grand profit de ses concurrents». En outre, la mise en place de nouvelles capacités dans les prochains mois pourrait intervenir à un moment où le tassement du marché est fort probable face à la multiplication de l’offre des anciens et nouveaux opérateurs. Impacté négativement par le renchérissement des combustibles solides, l’excédent brut d’exploitation s’est déprécié de 8,3%, ce qui a eu pour effet de réduire la marge brute d’exploitation de 8,5 points. Le résultat d’exploitation s’est replié, quant à lui, de 12,8% à 785 millions de DH, ce qui a contracté la marge opérationnelle de 8,7 points à 29,2%. L’excédent brut d’exploitation s’est contracté de 7,1% pour fixer la marge d’Ebitda à 31,4%. Pour sa part, le résultat d’exploitation a régressé de 15,2%, ramenant de fait la marge opérationnelle à 24% contre 32,2% une année auparavant. Dans la même lignée, le RNPG s’affaisse de 10,7%, abaissant la marge nette de 4,9 points.
Toutefois, le résultat net du cimentier a littéralement bondi de 42,5% à 873 millions de DH. La marge nette s’est élargie de 6,7 points à 32,5%. Les comptes consolidés laissent apparaître, quant à eux, un chiffre d’affaires opérationnel de 3,5 milliards de DH.
Et c’est un dividende unitaire de 50 DH (contre 45 DH au titre de l’exercice précédent) qui sera distribué aux actionnaires de la société.
Rappelons en effet que deux projets au moins sont en cours: celui d’Addoha, le plus avancé, semble-t-il, et celui du groupe Chaabi. Il faut dire que la capacité actuelle tourne autour de 15 millions de tonnes. Avec les nouvelles capacités apportées par ces deux opérateurs, la production pourrait facilement passer à 6 millions de tonnes avec des unités de production concentrées géographiquement dans une même zone!
Quasi-stagnation
Au terme des 3 premiers mois de l’année en cours, la consommation nationale du ciment s’est repliée de 2,48% pour se fixer à 3,43 millions de tonnes. Sur le seul mois de mars, les écoulements sont ressortis en quasi-stagnation (-0,12%) comparativement au même mois de l’année précédente, s’établissant de fait à 1,22 million de tonnes. Par région, le sud-centre, le centre et l’ouest ont engrangé respectivement 22%, 21% et 19% de la consommation nationale.
Mohamed MOUNADI