MENA Le nouveau contrat de la Banque mondialeC’est aussi l’une des conséquences de l’onde des chocs des soulèvements
populaires, qui depuis le début de l’année, bouleversent la région MENA.
Des crises qui ont nécessité dans plusieurs pays, une redéfinition des
priorités politiques et socioéconomiques. Dans un discours de politique
générale prononcé à l’approche des Réunions de printemps de la Banque
mondiale, son président Robert Zoellick, a annoncé un nouveau contrat
social pour la région. À travers cette initiative, l’institution veut
promouvoir les réformes en cours dans plusieurs pays de la région, mais
aussi fournir un appui accru aux organes de la société civile, voyant
par là un moyen de rendre les pays plus responsables de leurs actes
devant leur population. «Le message que nous adressons à nos clients,
quel que soit leur régime politique, est qu’il n’y a pas moyen pour eux
d’assurer leur développement sans une bonne gouvernance et sans la
participation de leurs citoyens», a déclaré Zoellick dans son discours
prononcé devant le Peterson Institute for International Economics à
Washington et intitulé «Moyen-Orient et Afrique du Nord : Un nouveau
contrat social pour le développement». Une opportunité pour le Maroc qui
a déjà lancé son processus sur le terreau déjà défriché par une série
de réformes engagées depuis une décennie et dont la réforme
constitutionnelle actuelle devrait se traduire comme le couronnement.
Une nouvelle approche économiqueLe moins que
l’on puisse dire, suite à cette annonce, c’est que la Banque mondiale a
décidé d’opérer un changement radical dans son approche d’appui au
développement qui lui a valut jusque là les pires critiques dans tous
les pays où son action est passée. Des questions telles que la
corruption, l’égalité des sexes ou la transparence n’étaient pas jadis,
des valeurs à mettre en avant au sein de la Banque mondiale, du fait
qu’elles sont jugées trop politiques. Mais elles ont toutes fini, au
cours des 20 dernières années, par être reconnues comme des aspects
primordiaux pour la réussite du développement, et font désormais partie
intégrante des dispositifs de politique générale de la Banque. De même,
la participation citoyenne et la bonne gouvernance sont aujourd’hui
admises comme des nécessités essentielles pour le progrès économique.
Mais il n’y aura pas de bonne gouvernance sans l’active participation
des citoyens, et cela vaut particulièrement pour la région MENA où le
processus de modernisation n’a que «partiellement porté ses fruits et où
les institutions sont sclérosées». Quel que soit le degré de réforme
apporté aux institutions, celles-ci ont besoin des citoyens pour les
tenir responsables de leurs actes. Et la société civile a un important
rôle à jouer à cet égard a soutenu le responsable de l’institution
mondiale. «Le moment est peut-être venu à présent d’investir dans le
secteur privé à but non lucratif, soit au niveau de la société civile,
en vue de contribuer à renforcer les capacités des organisations actives
dans les domaines de la transparence, de la responsabilité et de la
prestation de services publics», a-t-il dit. Passant en revue les
performances économiques des pays de la zone MENA, Zoellick a fait
observer que cette région est faiblement intégrée à l’économie mondiale.
C’est également, de toutes les régions en développement, celle qui
connaît le plus fort chômage, les pires taux de sous-emploi chez les
individus les mieux instruits, et les plus faibles taux d’activité
économique parmi les femmes. Selon les estimations, le coût
d’opportunité direct du non-emploi des jeunes y atteindrait jusqu’à 50
milliards de dollars par an, et les dirigeants de la région font donc
face à des attentes considérables en matière de création d’emplois à
brève échéance. La région a, en effet, besoin de créer 40 millions
d’emplois sur les dix années qui viennent. Il incombe ainsi aux pays de
décider maintenant des mesures à prendre pour soutenir l’emploi,
accroître leur niveau de productivité et mieux s’intégrer à l’économie
mondiale.
A.Y.B
La région MENA a du pain sur la planche :|