M. HARRAJ, PDG WAFA ASSURANCE : "LE PLUS INQUIÉTANT RESTE LA SITUATION DU MARCHÉ BOURSIER"
A l’occasion de la présentation des résultats annuels de Wafa Assurance, M. Ali Harraj, son Président, a accordé à La Nouvelle Tribune et à
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] un entretien qui permet d’apprécier le point de vue du dirigeant de la compagnie une année quasiment jour pour jour après sa nomination.
La Nouvelle Tribune : M. Harraj, quel bilan faites-vous de votre première année passée à la tête de Wafa Assurance ?
Ali Harraj : Effectivement, cela fait une année jour pour jour que je suis arrivé à Wafa Assurance. J’y ai découvert un autre monde, celui de l’Assurance qui touche lui-même à plusieurs métiers et ce fut une année très riche en évènements. 2015 a été caractérisée par une conjoncture difficile ! Et donc pas de tout repos pour moi, d’autant que ma nomination a été annoncée lors du conseil qui présentait de bons résultats pour 2014.
La barre était haute, il fallait maintenir, voire améliorer les performances de Wafa Assurances, ce qui a été difficile avec un marché boursier qui a enregistré une correction de -7 ,2 % contre + 5 % en 2014 en plus de toutes les défaillances qu’ont connues d’importantes capitalisations boursières.
Comment, dans cette conjoncture, se sont comportés les métiers de l’assurance que vous évoquiez à l’instant ?
En assurance, il y a la Vie qui concerne l’épargne et le décès et la Non-Vie, relative aux dommages de tous genres et toutes catégories.
Ces deux grands pôles de l’assurance ont été touchés en 2015 sur le plan financier du fait de la sinistralité qu’a connue la bourse de Casablanca. Fatalement, parce que nous avons des placements financiers face à nos réserves techniques. Et de fait, nos placements se font en obligations, d’État et privées, en OPCVM et en actions. Tous ont été concernés par la contreperformance des marchés financiers qu’a connu cette année 2015.
Wafa Assurance a-t-elle su tirer son épingle du jeu ?
Wafa Assurance, dans cette conjoncture difficile que je viens de partager avec vous, s’en est bien sortie en atténuant par sa politique de placement la baisse de cours des valeurs cotées, imposée par la crise de confiance qui a prévalu l’année dernière.
Tout d’abord, sachez que Wafa Assurance était « immunisée » contre les valeurs immobilières pour la simple raison que notre compagnie les avait cédées à de bons niveaux de prix en 2011, considérant déjà à l’époque que celles-ci s’endettaient trop au détriment de leurs fondamentaux financiers.
En ce qui concerne la SAMIR, nous n’en détenons pas sous forme d’actions dans notre portefeuille mais sous forme d’obligations. Et nous avons été obligés de provisionner la moitié des 100 millions de dirhams d’obligations Samir. Si cette affaire de place qui s’impose à tous les opérateurs, devait définitivement mal tourner, on prendrait nos responsabilités.
Il faut savoir qu’une compagnie est plus exposée sur la Non Vie que sur la Vie. Les produits Vie sont dits d’épargne et donc placés précautionneusement, plus en obligations qu’en actions, pour garantir une rémunération honorable et sécurisée. Il s’agit d’un engagement inhérent à ces produits d’épargne au titre du mécanisme de participation aux bénéfices et la valorisation de l’épargne. Là réside d’ailleurs la contrainte qui contribue à faire baisser le résultat financier de la compagnie quand de telles difficultés surviennent.
Wafa Assurance a-t-elle connu en 2015 une augmentation des sinistres ?
Non, heureusement, nous n’avons pas connu d’augmentation significative des sinistres en 2015. Mais en la matière, il faut savoir que l’on ne peut maitriser l’aggravation des sinistres. Par contre, l’on essaye d’en réduire la charge par des actions de prévention et de sensibilisation. Car, la fréquence du sinistre est corrélée à l’importance du parc automobile et sa charge se rapporte aux dégâts matériels et l’assistance médicale.
C’est à ces niveaux que nous pouvons intervenir pour sauver une vie humaine ou réduire le coût. Pour ce faire, nous avons des conventions avec des médecins et des garagistes, et nous essayons de traquer les fraudeurs. Nous sommes également très actifs en matière de prévention sur les risques d’entreprise, qu’il s’agisse de santé sécurité au travail que de celui du transport routier.
M. Harraj, avez-vous opéré à des changements dans l’organisation de Wafa Assurance, depuis votre arrivée ?
Oui, il y a eu quelques changements comme la nomination d’un nouveau directeur général en la personne de M. Chaffaï à la tête du pôle production, gestion de sinistres et des fonctions supports.
Plus récemment, en janvier dernier, M. Tamim, qui était en charge des assurances des entreprises, a pris sa retraite et transmis ses responsabilité à M. Chaffai en attendant un nouvel organigramme que l’on n’annoncera prochainement. Il s’agit d’une nouvelle organisation qui supportera notre nouveau plan stratégique 2016-2018…
Comment s’annonce 2016 ? Sera-t-elle meilleure que 2015 ?
Nous le souhaitons ! Car, comme vous le savez, le marché des assurances est largement corrélé au PIB. Globalement, la dynamique économique de notre pays n’est pas mauvaise. Le Maroc a lancé différents programmes d’investissements. Certaines relances, au niveau de l’industrie qui consacreront le début d’une réorientation économique, ne manqueront pas de donner leur fruit. Certains secteurs comme l’automobile, l’aéronautique, les activités de l’OCP performent bien et favorisent nos exportations et des efforts sont déployés pour soutenir les PME. Mais, la pluie ayant tardé à venir, cela compromet les cultures céréalières avec leur impact négatif sur le PIB agricole.
Pour notre secteur d’activité, le plus inquiétant reste la situation du marché boursier. Il faut reconnaître que l’on est un peu dans le brouillard. Il faut espérer que le creux de la vague soit derrière nous parce que sa crise impacte directement nos performances…
Mer 24 Fév 2016 - 9:08
