La CDG et FinanceCom se partagent le capital de Méditel
Après le retrait de Téléfonica et Portugal Télécom
Publié le : 01.09.2009 | 22h07
C'est la grosse affaire du moment. Méditel, après plusieurs mois de tergiversations, se fixe sur son sort en remodelant significativement son actionnariat.
Après le retrait de Portugal Telecom et Telefónica, détenant chacun 32,2%, le capital devient 100% marocain. Les 64% sur lesquels porte cette transaction finalisée dans la soirée de lundi dernier, ont été reprise par deux groupes marocains déjà présents dans le tour de table. Ils ne sont autres que la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et FinanceCom, avec son partenaire RMA Watanya, qui se partagent, désormais, à part égal, le capital de l'opérateur télécom dont la valeur a progressé depuis le lancement de son activité en 2000. « Nous sommes très fiers en tant qu'institutions financières nationales d'avoir réussi à prendre le contrôle de ce joyau national des télécoms auparavant détenu majoritairement par des entreprises étrangères », s'est félicité Othman Benjelloun, président du groupe BMCE, lors de la conférence de presse tenue, hier, au 10e étage de la Tour BMCE. Une opportunité qui n'a pu être saisi qu'après moult négociations, d'autant que sept autres candidats étaient en lice. Il a fallu que l'offre marocaine soit bien séduisante pour inviter les actionnaires sortants à se séparer de leurs parts au profit des partenaires marocains.
L'opération porte, effectivement, sur 800 millions d'euros, soit 9 milliards de dirhams. « La transaction d'aujourd'hui, avec ses 800 millions de dirhams représente l'une des trois plus importantes en montant tous secteurs confondus et, sans doute, également un record concernant une transaction initiée par des investisseurs marocains en partenariat public/privé», a tenu à préciser Othman Benjelloun. Ce n'est pas pour rien que ceux-ci se sont portés acquéreurs des participations de Téléfonica et de Portugal Télécom, motivés par des ambitions de recentrage sur l'Amérique Latine et sur les anciennes possessions portugaises en Afrique. La connaissance intime de l'entreprise, leur présence active depuis le démarrage de son activité et leur confiance dans son potentiel et dans celui du marché marocain des télécommunications sont autant d'éléments expliquant une telle décision.
Sans omettre la lourdeur qui marquait le processus de prise de décision. Durant ces dernières années, l'opérateur Télécom a bien souffert de la diversité d'un tour de table souvent partagé sur des questions d'ordre stratégique. Ce qui lui a valu un changement des dirigeants tous les deux ans. Or seule la stabilité stratégique et managériale pourra garantir une bonne marche des affaires. C'est dans ce sens que la vision du nouvel actionnariat verse. « Avec le groupe FinanceCom nous partageons la même vision sur le devenir de cette grande entreprise et nous sommes convaincus que l'envergure et la collaboration de deux groupes lui profitera pleinement », a avancé Anas Alami, directeur général de la CDG.
Nul ne peut se douter, aujourd'hui, ni de la bonne assise financière des deux institutions, ni de leur capacité à mettre l'entreprise sur les rails de la performance. Déjà, le nouvel actionnariat compte lui attribuer une dimension supplémentaire, celle de considérer des opportunités de partenariats et d'activités au-delà des frontières du Maroc et, notamment, en Afrique Subsaharienne. « Nous sommes fondamentalement convaincus que l'avenir des infrastructures, comme celles des télécoms, se trouve également sur ce continent où vivent près d'un milliard d'habitants », estime Othman Benjelloun.
Ce n'est pas tout. Une ouverture du capital à un autre partenaire n'est pas exclue, « ce sera en fonction de la qualité du partenariat que les actionnaires marocains pourront développer avec cet opérateur et de la valeur ajoutée qu'il peut apporter à Méditel », a-t-on insisté. D'autant que la possibilité d'une introduction en bourse, un jour, d'une partie du capital n'est pas écartée. Il faudrait dire que le nouveau tour table se montre confiant quant au devenir de la société après la séparation avec Téléfonica et Portugal Télécom. « On peut gérer la société peut-être mieux que quand il y avait les deux autres partenaires », a tenu à rassurer Othman Benjelloun. Et à lui de poursuivre, « Méditélécom était devenu, depuis quelques années déjà, totalement indépendant, en n'étant tributaire de quiconque pour de quelconques aspects techniques ou technologiques. En outre, l'ensemble de ses actions d'innovation sont 100% pensées et menées au Maroc ».
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Les chiffres de l'entreprise...
Aujourd'hui, Méditel, ce sont 8,5 milliards de clients, un chiffre d'affaires supérieur à 5 milliards de dirhams, un revenu net annuel de 500 millions de dirhams. En termes de part de marché sur le segment mobile, Méditel Télécom se tient en deuxième position après IAM avec 36,69%. En moins de 10 ans, elle a investi 25 milliards de dirhams. Sur la période 2008-2010, Méditel a prévu près de 4,2 milliards de DH d'investissements. Objectifs : étendre le réseau GSM aux zones blanches, aux nouvelles zones touristiques et au monde rural, poursuivre le déploiement de la technologie 3G et accroître le réseau comercial et les offres à destination des entreprises.
Par Nadia Benyouref | LE MATIN