Alioua, qui s’était présenté à la BNPJ à
neuf heures du matin, a attendu, en compagnie de deux de ses proches,
eux aussi poursuivis dans le cadre de la même affaire, jusqu’à 16
heures, avant de passer devant le juge. Cette fois, il était apparu
abattu et inquiet, comme s’il savait déjà que cette fois, il resterait
entre les mains de la justice. Les deux autres personnes qui
l’accompagnaient et qui ont été aussi à leur tour placées en détention
sont ses deux cousins, le premier ayant bénéficié d’un appartement
acquis auprès du CIH pour un prix largement inférieur à sa valeur
réelle, le second pour avoir reconnu que dans le cadre de ses activités
de chef-cuisinier dans un restaurant appartenant au CIH, il gardait pour
lui les bénéfices engrangés.
Quant à la sœur d’Alioua, dont on avait
annoncé l’arrestation, elle est également poursuivie, mais laissée en
liberté. On lui reproche d’avoir fait financer les funérailles de son
époux, à hauteur de 130.000 DH, par l’hôtel Riad Salam, appartenant au
CIH ; mais la dame a tout nié en bloc, de même que son frère Khalid. Or,
le directeur de l’hôtel a bien confirmé avoir reçu l’ordre, verbal, du
PDG du CIH pour régler le traiteur.
L’enquête a également établi que Khalid
Alioua a acquis un logement qui est le produit de la fusion de deux
appartements, d’une superficie totale de 394 m², situés au boulevard
Rachidi à Casablanca, que la banque avait récupéré en 1997 pour
1.695.802 DH et que le président de la banque a racheté, en 2006, sans
l’accord de son Conseil d’administration, à 1.705.000 DH, soit 3.458
DH/m² à un moment où le m² dans cette zone valait 20.000 DH (soit une
valeur totale, évaluée par la Cour des Comptes, à 8.000.000 DH). De
plus, la banque, avant la vente, avait engagé des dépenses de réfection
et d’aménagement à hauteur de près de 2 millions de DH. Plus tard, le
Conseil de surveillance du CIH a réévalué le prix de l’appartement à
3.888.000 DH, montant approuvé par l’Assemblée générale, mais malgré
cela, Khalid Alioua ne s’est acquitté de la différence qu’un an après,
après avoir reçu l’indemnité de son départ de la banque, en 2009. Plus
important encore est que cette affaire risque d’éclabousser Mustapha
Bakkoury, l’ancien PDG de la CDG, qui a signé le document de vente
définitive du bien en question.
Autres dysfonctionnements
Une autre affaire est celle d’un
appartement, là encore, à Hay Riad à Rabat, d’une superficie de 157 m²,
vendu en 2005 à 863.500 DH, soit 5.500 DH/m², alors que le prix réel
était à cette époque de 15.000 DH/m². Même chose pour l’immeuble
inachevé City One, à Marrakech, contenant galerie commerciale et d’une
superficie totale de 1.872 m², que le CIH a acheté en 2002 pour une
somme globale de 27.280.335 DH, avant de le vendre, treize mois après,
pour un prix de 14.000.000 DH, soit une perte sèche de 13.000.000 DH, ce
qui conduit à se poser des questions sur les véritables bénéficiaires
de cette vente.
Il y a aussi le cas de cet immeuble
inachevé, à Kenitra, se composant de 58 fonds de commerce et 88
appartements, acheté par voie judiciaire par le CIH en 2006 pour un
montant total de 18.851.506 DH et vendu dix mois après pour 23,5
millions de DH, alors que l’estimation proposée par une expertise évalue
le bien à 38.049.625 DH, soit une perte, encore, de 14,5 millions de
DH.
L’arrestation de Khalid Alioua paraît
différente de celle des deux autres hauts fonctionnaires, actuellement
en prison, l’ancien directeur de l’Office des aéroports, Abdelhanine
Benallou, arrêté au début de l’instruction de son affaire, ou Taoufik
Ibrahimi, interpellé en pleine rue par la BNPJ. Pour l’avocat de
l’ancien patron du CIH, son maintien sous mandat de dépôt à Oukacha est
« un acte illégal car il dispose de toutes les garanties juridiques et
parce que son affaire est encore étudiée par les magistrats de la Cour
des Comptes ». Pour l’avocat, il n’est pas normal d’avoir conduit un
dossier pénal contre Alioua alors que la même affaire est encore jugée
par la Cour des Comptes, à laquelle personne n’a rien demandé, ce qui
éveille les soupçons du défenseur.
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Quand un chien vous aide à traverser un fleuve ne l'accusez pas de rage !