Invité à la 28éme Réunion du Comité Intergouvernemental d’Experts organisée par la Commission Economique pour l’Afrique sur le thème « promouvoir la diversification et la sophistication pour la transformation structurelle des économies en Afrique du Nord », M. le Ministre des Affaires Générales et de la Gouvernance a axé sa communication sur trois questions.
Tout d’abord, M. le Ministre a présenté les caractéristiques économiques des pays africains et des pays de l’Afrique du Nord en particulier. Dans un deuxième temps, il a exposé les contraintes et les défis qui se posent au développement de ces pays, avant de présenter le modèle marocain en matière de sophistication et de diversification de son économie.
I- Les caractéristiques économiques des pays africains
Monsieur le Ministre a mis en exergue les raisons qui plaident en faveur de cette transformation. Ainsi, il a souligné que ces économies évoluent dans un contexte marqué par des turbulences économiques, financières et voir même politiques et sociales. De même, il a indiqué que ces économies bien qu’elles soient partiellement spécialisées, elles restent peu diversifiées, présentant une croissance non inclusive et trop volatile donnant peu de visibilité pour les opérateurs économiques privés. En effet, l’analyse de ces économies fait ressortir les caractéristiques suivantes :
- Une croissance économique insuffisante pour répondre aux besoins de la population et insuffisamment inclusive, eu égard au développement local et à la participation des jeunes et des femmes à la vie économique.
- Une instabilité de la croissance économique, en raison d’une faible diversification et de la forte sensibilité aux phénomènes exogènes, comme le climat pour le Maroc et variation des prix des hydrocarbures pour l’Algérie.
- Une offre exportable limitée et pas suffisamment diversifié sur le plan géographique. En effet, les économies des pays africains ont un degré de concentration qui reste relativement élevé et ce, au regard de l’offre exportable limitée et de destinations étriquées. En outre, le lien entre le manque à gagner en terme de compétitivité et la faiblesse de l’intégration de ces économies aux espaces UMA, MENA et Africain, tout en précisant qu’il serait adéquat de procéder de temps en temps à un exercice d’évaluation de l’impact des Accords de libre échange.
- Une faible intégration industrielle conjuguée à un faible niveau des échanges commerciaux.
II- Pour une nouvelle politique de développement en Afrique
Pour dépasser ces contraintes, M. le Ministre a appelé à une transformation structurelle des économies de la région. Il a mis en relief trois déterminants nécessaires à la réussite de cette transformation. Une mise à niveau institutionnelle au niveau politique et économique, une participation plus active de la société civile dans le sens de plus de transparence et de stabilité institutionnelle et un repositionnement de l’Etat.
Bien que l’expérience des pays asiatiques puisse constituer un modèle de développement pour les pays africains, M. le Ministre a mis en relief l’intérêt pour les pays africains à adopter plutôt une approche basée sur leurs propres potentialités. Cette approche serait basée sur trois leviers, à savoir, la valorisation des matières premières, le renforcement du capital humain et l’optimisation du financement.
III- La sophistication et la diversification de l’économie marocaine
L’expérience du Maroc, qui a franchi des pas importants en matière de transformation structurelle, pourrait constituer à plusieurs égards un modèle en devenir pour les pays de la région.
Sur le plan institutionnel, d’abord, le Maroc a adopté une nouvelle constitution qui consacre les principes de transparence et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques. L’avènement d’un nouveau gouvernement et le renforcement de ses prérogatives ainsi que la consolidation des institutions mis en place, notamment le conseil de la concurrence, sont de nature à garantir la stabilité sociale et à réconforter les investisseurs.
De même qu’une attention particulière a été accordée dans la configuration gouvernementale actuelle au domaine de la Gouvernance. A cet égard, une stratégie nationale de la gouvernance est en cours d’élaboration. Elle a pour objet de faciliter la convergence des politiques sectorielles dans le sens de plus d’efficacité.
Dans le domaine économique, des avancées importantes ont été accomplies. En effet, une stratégie volontariste orientée a permis de consacrer les nouveaux métiers mondiaux du Maroc, en particulier dans les domaines de l’aéronautique, de l’automobile et l’offshoring, dont les perspectives de croissance sont fort prometteuses. En plus, des progrès importants ont été enregistrés dans les domaines des infrastructures et de la logistique ainsi qu’en matière d’amélioration du climat des affaires.
Parallèlement, le Maroc ambitionne de devenir un acteur important en matière de croissance verte, à travers la concrétisation des stratégies engagées dans les domaines de l’énergie solaire et éolienne ainsi que dans le domaine agricole.
D’autres réformes fondamentales seront également engagées à court ou moyen terme. Il s’agit :
- de la réforme de compensation pour une meilleure répartition des richesses.
- de la réforme de la retraite pour donner plus de visibilité à la solidarité intergénérationnelle.
- de la réforme de la justice pour donner plus d’espérance aux citoyens et plus de confiance pour les investisseurs.
- de la réforme fiscale, considérée comme un élément de développement économique.
- de la réforme de la régionalisation dans le but d’assurer un développement plus inclusif. Une nouvelle conception de la régionalisation qui, à travers la mise en place de plusieurs pôles de régions (sud, centre, nord et orient) en lieu et place d’une région ou un axe littoral, tend à diffuser la croissance sur tous le territoire du Royaume.
Monsieur le Ministre a précisé, par la suite, que ces réformes qui constituent le socle de la transformation structurelle susvisée ne suffisent pas pour la mise en place d’un modèle de développement inclusif, créateur de richesses et générateur d’emplois. L’intervention sélective de l’Etat, a-t-il rappelé, est un préalable impératif dans la mesure où il crée les conditions favorables pour booster les investissements (infrastructures et logistiques) et engage le processus d’une stratégie industrielle orientée, qui pour le cas du Maroc a abouti au repositionnement proactif sectoriel et qui a concerné les métiers mondiaux du Maroc (MMM) à savoir l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, l’offshoring. Dans ce modèle, le Maroc n’a pas omis l’importance de la croissance verte durable. Une stratégie claire et bien définie a été établie en matière d’énergies renouvelables et d’agriculture. Il s’agit, respectivement, des énergies solaires et éolienne et le plan Maroc vert.
En guise de conclusion, Monsieur le Ministre a mis l’accent sur l’importance du facteur de ressources humaines. En ce sens, il a appelé au renforcement des formations, à leur adaptation au gré des besoins de l’économie et au développement de l’économie de savoir.
Source: Ministère des Affaires Générales et de la Gouvernance.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]