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Le Maroc veut maintenir la croissance malgré la crise chez ses partenaires
(PAPIER D'ANGLE)
Par Abdelfettah FAKIHANI
RABAT, 9 déc 2008 (AFP) -
Le Maroc veut maintenir la croissance de son
économie en dépit de la crise mondiale et du ralentissement observé chez ses
principaux partenaires, notamment européens.
"Toutes les données de 2008 confirment le maintien de la croissance de
l'économie", affirme à l'AFP Mohamed Chafiki, chef de la Direction des études
et prévisions financières au ministère des Finances.
Ce responsable écarte d'emblée tout impact négatif de la crise
internationale sur le système financier marocain, qui "n'a pas de créances
toxiques".
Mais sur l'économie réelle, il prévoit des retombées négatives, notamment
sur les investissements étrangers, le tourisme, le textile et les transferts
financiers des Marocains de l'étranger.
Pour 2009, le ministère avait prévu un taux de croissance de l'économie de
5,8% contre 6,8% escomptés en 2008.
Mais les commandes étrangères de produits et services marocains "devraient
ralentir" et ne progresser que de 0,3% en 2009 contre 2% en 2008, "compte tenu
du ralentissement attendu chez nos principaux partenaires commerciaux",
estime le ministère, dans un document remis à l'AFP.
Pour mieux affronter cette situation, M. Chafiki souligne que "les chances
du Maroc, qui bénéficie de sa proximité de l'Europe, se trouvent dans des
niches de produits". Prenant le textile comme exemple, il ajoute qu'"il ne
faut plus se cantonner aux grosses commandes".
Très prudent, le chef du Haut commissariat au plan (HCP, public) Ahmed
Lahlimi affirme que "le Maroc pourra faire face à la crise internationale sans
grandes difficultés". Il cite d'importants investissements prévus par l'Etat
en 2009, une prise de conscience "précoce" des entreprises du textile pour
s'adapter à la crise et des mesures prises pour encourager la demande dans
l'immobilier.
M. Lahlimi évoque également la baisse du prix des hydrocarbures, des
matières premières, des produits alimentaires et "probablement une excellente
récolte" en 2009.
Najib Akesbi, professeur d'économie à l'Institut agronomique de Rabat, se
montre moins optimiste et appelle à "un véritable plan de relance de
l'économie, qui marche sur deux jambes".
"Il faut maintenir les investissements publics et améliorer le pouvoir
d'achat de la classe moyenne et des couches pauvres de la population",
explique-t-il à l'AFP. Car, dit-il, "la relance, c'est d'abord la demande
intérieure".
Concernant le projet d'une usine Renault Nissan à Tanger (nord), "même si
au niveau politique, il est difficile d'arrêter ce programme, le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'il va être différé, ralenti", estime M. Akesbi.
Il n'a pas été possible, lundi soir, d'obtenir de réaction de Renault
Nissan aux propos de M. Akesbi. Toutefois, Mohamed Chafiki affirme que le
constructeur automobile français "maintient son plan d'investissement" et que
"les équipementiers autour du projet continuent leurs activités à Tanger".
En janvier 2008, Renault Nissan a signé avec Rabat un accord pour la
réalisation d'une importante usine avec un investissement de 600 millions
d'euros et la production de 200.000 véhicules à l'horizon 2010. Un chiffre qui
devrait ensuite doubler.
Concernant l'agriculture, M. Akesbi pense qu'elle pourrait "au mieux
atténuer la crise" et précise que "représentant de 10 à 19% du PIB selon les
années, elle ne va pas changer radicalement la situation".
aff/heg/amc/jms