Immobilier au Maroc: Le groupe Addoha en crise ?
Si la fin
de l’année 2008 a été marquée par la crise financière internationale
(et l’effondrement des plus grandes places boursières mondiales), c’est
autour des économies réelles d’être impactées avec des tensions sur les
secteurs d’activité tels que l’immobilier, le textile, ou l’automobile,
gros pourvoyeurs d’emplois. Comme tous les pays du monde, le Maroc est
touché par la crise. Quoiqu’en disent certains dirigeants économiques.
Du coup, quelle «crédibilité» accordée au propos d'Anas Sefrioui, Pdg
de Addoha, premier groupe immobilier du Royaume, qui déclarait
récemment «qu’il n’ y avait pas de crise immobilière au Maroc» ?
Ce
dernier s’appuie sur le déficit en logements sociaux (environ 1
million, selon les chiffres officiels) pour…convaincre. Cependant,
cette réalité ne doit pas constituer un paravent. Et le groupe Addoha
est (très) bien placé pour le savoir.
En effet, le cours de son
action boursière ne cesse de chuter - ce qui inquiète les milieux
financiers de la place – et ce pour plusieurs raisons. Primo, la crise
qui frappe le secteur de l’immobilier (ralentissement global de
l’activité y compris sur le logement social).
Secundo, l’action
soutenue par le marché (grâce à l'«aide» de certains analystes et par
le groupe lui-même) en multipliant les annonces (acquisitions de
fonciers, partenariats scellés,…). Ce qui a créé une sorte de bulle qui
a fini par se dégonfler laissant au carreau plusieurs investisseurs
attirés par les recommandations boursières de certains analystes et les
remodelages du business plan de départ à la suite de nouvelles
opérations sensées améliorer de manière sensible les résultats de la
société devenue la locomotive de la place casablancaise.
Et enfin,
tertio, les résultats du groupe n’ont pas été à la hauteur des attentes
du marché. Au terme du premier semestre 2008, le groupe n’a réalisé que
moins d’un 1/4 de son résultat net attendu pour l’année 2008 et ce
selon son premier business plan confectionné lors de son introduction
en bourse et qui a été depuis nettement revu à la hausse. «Si l’on
tient compte des ajustements opérés par le groupe dans son business
plan, à peine 1/8 du résultat prévisionnel a été atteint», indique un
analyste financier.
C’est dire que ceux qui avaient acheté les
actions Addoha au prix fort espérant une nette amélioration du résultat
du groupe doivent patienter encore. D’ailleurs, Anas Sefrioui en
personne a reconnu lors d’une de ces dernières sorties qu’il faudrait
attendre au moins fin 2009 pour réaliser les objectifs que le groupe
devait réaliser en 2008.
Néanmoins – et pour faire face à
la…crise – le groupe Addoha justifie le retard pris dans la réalisation
de ses objectifs financiers par l’impossibilité de comptabiliser les
avances qui découlent de la vente d’appartements. Un argument qui a des
allures de «pirouette». Avec l’instauration des normes IFRS (nouvelles
normes comptables internationales), cet argument ne pourra plus être
utilisé. En effet, et ce à compter du 1er janvier 2009, le groupe
immobilier pourra comptabiliser les avances remises par les futurs
acquéreurs dans son bilan.
Autre interrogation de taille. Quelle
est la valeur réelle de l’action Addoha ? Et quel est son niveau (réel)
d’endettement ? Su le marché, après avoir flirté avec des sommets à
232,50 Dh le 7 Avril 2008, l’action Addoha s’échange aujourd'hui autour
de 85 dirhams. Une chute vertigineuse que n'ont pu empêcher les
opérations de rachat d'actions par Addoha afin de soutenir son cours de
bourse. Sur la valorisation de l’action, les points de vue divergent
selon les analystes.
Si certains jugent que le niveau de
valorisation actuelle est correcte, d’autres, et ils sont actuellement
plus nombreux, soulignent que l’action devrait encore baisser davantage
vers les 50 Dh. Outre le fait que la place s’attend à des résultats
largement inférieurs aux prévisions du business plan actualisé, un
autre élément est venu aggravé son image.
En effet, selon
plusieurs sources ayant souhaité garder l’anonymat, le groupe Addoha
serait très endetté. Certains n’hésitent pas à avancer le chiffre de 8
milliards de Dh. Reste que cela demeure difficile à confirmer …
Baisse
du volume d’activités des ventes immobilières (et donc des avances),
augmentation du niveau d’endettement (voire surendettement) avec des
taux bancaires qui ne manqueront pas de croître au cas où la santé du
«géant » immobilier ne serait plus ce qu’elle était auparavant, et ce,
d’autant plus que les banques ne disposent plus autant de marges
(liquidités) que par le passé. Alors on peut s'interroger sur les
résultats inquiétants pour Addoha : mauvaise gestion ? Erreurs dans les
choix stratégiques avec le rachat de Fadesa Maroc et une offensive
tardive sur le haut standing ? Ou simple dommage collatéral de la crise
internationale ?
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