Utilisation conjointe de plusieurs outils techniques ou signaux

2. Complémentarité

Nous venons de voir que l’observation de plusieurs outils simultanés, afin de déceler des signaux allant dans le même sens que le diagnostic, est une condition fondamentale pour une analyse technique de qualité et donc pour un trading réussi.

Un seul outil peut nous tromper (par exemple un oscillateur stochastique) mais également trop d’outils peuvent paradoxalement nous mener à l’indécision (au lieu de nous permettre de trancher). Nous l’avons vu : si certains signaux apparaissent contradictoires en raison de leur multiplication, la situation risque de nous faire hésiter, voire paralyser toute action.

Cet aspect quantitatif des choses est important, mais il nous faudra aussi prendre en considération l’aspect qualitatif.

Une autre règle entre alors en scène ; il s’agit de la règle de la complémentarité : cette règle nous informe sur les associations d’outils qu’il faut éviter, et, réciproquement, quels sont les mixages à rechercher : c’est ce qu’il convient à présent d’examiner.

Multi colinéarité

Un des pièges les plus courants tendus aux analystes techniques, mais encore souvent méconnu, est le piège de la « multi colinéarité».

Si vous utilisez plusieurs outils mesurant la même chose, il est normal qu’ils indiquent… le même résultat !

Nous allons voir dans les développements qui suivent comment résoudre cette question en pratique.

Si, en constatant (à votre insu) que ces outils techniques vont dans le même sens, vous y voyez un « feu vert » pour le trading, vous ferez bien souvent fausse route ou du moins vous prendrez de très gros risques.

En effet, vous pensez avoir une validation de plusieurs signaux étayant votre diagnostic alors que, dans les faits, vous vous apprêtez à agir… comme si vous suiviez un seul signal.

Or, nous avons vu qu’un seul signal est insuffisant, si l’on souhaite s’attirer un haut degré de probabilité (et donc de grandes chances de réussite) pour notre prochaine opération boursière.

Agir en Bourse selon l’analyse technique ne consiste pas à prendre des risques inconsidérés, c’est même tout le contraire.

Il est nécessaire de prendre du recul et de choisir le moment opportun, c’est-à-dire le moment où plusieurs signaux indépendants vont aller dans le même sens, le moment où les probabilités seront avec nous, le moment où le risque sera minimum.

Des signaux trop étroitement corrélés ne nous serviront donc à rien car l’essentiel est de faire grimper le taux de probabilités favorables, non pas de suivre des chimères.

Pour être certain d’avoir de vrais signaux indépendants il faut absolument connaître les différentes familles d’outils, leurs composantes et choisir un seul outil par famille.

Un outil par «famille »

Distinguer les familles d’outils est aisé concernant les outils graphiques traditionnels (ex. : outil chartiste, outil de Fibonacci).

Par contre, lorsque l’on examine les outils techniques modernes, même en suivant la dichotomie naturelle indicateurs/oscillateurs, il sera parfois plus délicat de déterminer instantanément si les signaux sont indépendants ou s’ils font doublon.

Heureusement, il est possible de proposer un classement précis en la matière. Vous pourrez donc prendre connaissance ci-dessous d’une suggestion de classement pour les différents outils étudiés ensemble précédemment dans la partie réservée à l’analyse technique moderne :

– Famille des indicateurs de tendance basés sur les prix :
Moyennes mobiles, MACD, DMI, Parabolique SAR, régression linéaire, Accumulation/Distribution de Williams

– Famille des indicateurs de tendance basés sur les volumes :
OBV, MACDPV

– Famille des oscillateurs bornés de surachat/survente basés sur les prix :
RSI, stochastique, CCI

– Famille des oscillateurs bornés de surachat/survente basés sur les volumes :
MFI

– Famille des oscillateurs non bornés basés sur les prix :
Momentum, ROC

– Exceptions :
Les bandes de Bollinger et la technique des points pivots sont des outils techniques pouvant se marier avec tout autre type d’outil (comme c’est d’ailleurs le cas, nous l’avons vu, pour tous les outils techniques issus de l’analyse graphique traditionnelle).

Dans notre précédent exemple de l’analyste Y nous pouvons donc recenser plusieurs erreurs ou infractions aux règles : nous avions vu que monsieur Y utilisait les figures chartistes, les volumes, les chandeliers japonais, les moyennes mobiles, le MACD, les droites de régression linéaire, le DMI, le stochastique, le RSI, les bandes de Bollinger.

Au-delà du problème du nombre d’outils (résolu en amont), les figures chartistes, les volumes, les chandeliers sont complémentaires : donc pas de problème de compatibilité entre eux dans votre analyse.

Par contre, en matière d’outils « modernes » l’analyste Y fait encore quelques graves confusions : il marie en effet plusieurs indicateurs et oscillateurs de la même famille et donc basés sur les mêmes données.

Ainsi les moyennes mobiles, le MACD, les droites de régression linéaire et le DMI sont tous des outils ayant pour objet principal (et même dans la majorité des cas exclusif ) de mettre en évidence les tendances en cours, lorsqu’elles sont présentes sur les marchés financiers.

Monsieur Y devrait donc choisir un seul outil de cette liste, celui qui lui convient le mieux afin d’obtenir plus de clarté et de rigueur dans ses analyses.

De la même manière, cet analyste utilise à la fois le stochastique et le RSI : ces deux oscillateurs bornés calculés à partir des prix étant très semblables, il sera préférable de n’en utiliser qu’un seul.

Par la même occasion, l’analyste Y se retrouvera avec six outils techniques seulement (si l’on ajoute les bandes de Bollinger, faisant partie avec notamment le chartisme des outils universels, compatibles avec tout autre).

Nous en arrivons donc à une batterie d’outils similaire à celle citée en exemple pour l’analyste Z.

3. Utilisation d’outils sur différents horizons de temps

Maintenant que vous avez dans votre besace les outils adéquats, vous devez choisir une vue sur un horizon de temps adapté à votre trading. Il peut être cependant intéressant d’utiliser conjointement plusieurs vues différentes.

Je m’explique. Imaginons que vous investissiez à moyen terme, et choisissiez une vue en quotidien (chaque période dure un jour). Lorsque vous avez détecté, par exemple, un retournement à la baisse des cours, vous pouvez le valider en étudiant la situation sur une vue en chandeliers de 4h, et sur une vue hebdomadaire.

La vue en 4h constitue un zoom sur le retournement de tendance que vous essayez d’anticiper. Des signaux d’alarme sur un horizon de temps plus court valideront votre diagnostic.

La vue par semaine a l’intérêt de vous forcer à prendre un peu de recul : vous n’êtes plus le « nez dans le guidon », comme dit l’adage populaire. Si vous constatez que les prix ont suivi une tendance haussière forte qui commence à s’essouffler sur le long terme, cela confortera votre prévision d’une chute des cours à moyen terme.

Cette vue en triptyque est donc composée de votre vue habituelle (au centre), d’un zoom (sur la gauche) et d’un « zoom arrière » sur la droite).

Vous augmentez ainsi votre richesse d’informations. N’oubliez pas cependant que trop d’informations tue l’information : si vous trouvez que ces trois vues vous donnent plus d’indications et de graphes que vous ne pouvez analyser en un temps raisonnable, préférez-leur une vue simple.

Je vous conseille par ailleurs de réduire à trois ou quatre le nombre d’indicateurs par vue du triptyque.