Méditel torpille l’offre Inwi
Le monde des télécoms est en ébullition! Après Inwi, c’est Méditel qui livre ses tarifs de communication dans le mobile. A l’instar de son concurrent, l’opérateur vient de publier la tarification applicable au prépayé. Ce segment, à lui seul, représente 96% du parc mobile qui compte 25 millions de clients. Ce marché est donc très consistant pour les opérateurs télécoms. Car les abonnés sont une minorité, même s’ils constituent une source de gain «acquise». En revanche, le tableau de Méditel ne compare pas ses prix avec ceux de Maroc Telecom: «C’est à eux de les donner», précise sa direction Communication. Cette attitude «ne surprend pas» l’opérateur historique qui, semble-t-il, prépare lui aussi une riposte. Dès son lancement le 23 février, Inwi a positionné son offre GSM en mettant en avant la facturation à la seconde. Tic Tac, serait-ce une offre qui se dilue dès lors que l’on dépasse les 30 secondes? En tout cas, Méditel est visiblement déterminé à faire la part des choses. «Au-delà des 30 secondes, nos tarifs sont plus avantageux. Dès lors que le client dépasse cette barre, le coût de communication lui revient moins cher. La structure tarifaire d’Inwi n’encourage donc pas à communiquer plus», argumente l’opérateur que dirige Mohammed El Manjra. D’après ses statistiques, «plus de 80% de son trafic provient d’appels dont la durée est supérieur à 30 secondes». A fin décembre 2009, son parc mobile comptait 9,4 millions de clients. Le management d’Inwi n’en démord pas pour autant puisqu’il avance que «la facturation à la seconde équivaut à une baisse qui oscille entre 25 et 35%» (cf. L’Economiste du 25 février 2010). Ce qui revient à faire valoir une certaine équité tarifaire. Le consommateur «ne paye que ce qu’il consomme». Contrairement à Inwi, Maroc Telecom et Méditel adoptent le principe de la minute indivisible. Qu’en pense Maroc Telecom? La filiale télécom de l’ONA a une structure tarifaire «basée sur 4 fourchettes de prix en dessous de la minute». Ils sont cinq au total d’après le tableau publié sur nos colonnes: 3, 10, 27 et 48 secondes ainsi qu’1mn 05 sec. Du coup, «il est normal que les tarifs d’Inwi paraissent moins chers». Méditel enfonce le clou. Elle souligne que le tableau de son concurrent «ne fait pas la distinction entre les appels émis le jour, la nuit et le week-end». Or, la grille du 2e opérateur le mentionne. Il donne aussi les exemples d’un client ayant le prépayé (carte recharge) qui appelle le client d’un autre opérateur. Sa communication dure 90 secondes et se tient pendant le soir ou le week-end. «Ce dernier paiera 2,55 DH la communication, soit 0,028 DH la seconde contre 0,07 DH chez Inwi. S’il appelle 30 secondes et pendant la journée, ce même client va payer chez Méditel 2,095 DH et 2,1 chez Inwi…». Le prix à la seconde est «de 0,034 DH pour le premier opérateur et 0,07 pour le second». Quels que soient les avis, il y a deux points sur lesquels il y a unanimité. D’abord le prix de la communication dans la téléphonie mobile reste très coûteux. Ce n’est sûrement pas le régulateur télécom (ANRT) qui dira le contraire. La note d’orientation 2010-2013, signée le 22 février par la Primature, y fait d’ailleurs allusion. Ses prévisions tablent dès 2010 sur des «baisses conséquentes des tarifs de détail». Elles-mêmes liées à une «baisse significative des tarifs de terminaison (…) combinée à une dynamique concurrentielle». Il y a ensuite la lisibilité et la transparence des tarifs pour le consommateur. L’ANRT compte «réviser les règles actuelles régissant les promotions des services des télécommunications». La baisse s’impose d’autant plus que le consommateur a du mal à se retrouver dans la jungle des tarifs. Certes, les trois opérateurs les affichent sur leur site. Or, la structure des prix n’est pas la même et le prépayé offre un bel exemple. Si migration il y a, le prix de la communication, la couverture réseau et la qualité de service seront déterminants.
L'Economiste 02/03/2010
_________________
www.bourse-maroc.org
--------------------------------