Quand Berlin s'en prend aux spéculateurs, les marchés voient rouge
Nouveau coup de semonce dans les places boursières mercredi. A Paris, le CAC 40 a cédé 2,92%, Francfort a perdu 2,72%, Londres 2,81%, tandis que l'euro a encore atteint son niveau le plus bas depuis 4 ans, sous 1,22 dollar.
Les marchés, déjà extrêmement nerveux à cause de la crise grecque, ont mal réagi à l'annonce de l'Allemagne d'interdire les ventes à découvert de certains produits financiers, qui permettent de vendre à terme un actif sans l'avoir emprunté auparavant ou s'être assuré de sa disponibilité.
Des mécanismes financiers jugés «responsables de la crise dans la zone euro», selon l'autorité allemande des marchés financiers, qui souligne que ces opérations encouragent avant tout la spéculation. «Pourquoi l'Allemagne prêterait toutes ces liquidités à la Grèce pour que des spéculateurs viennent semer la pagaille ?» résumaient des analystes de Crédit Agricole CIB.
Berlin a décidé de faire cavalier seul
Sans même en aviser l'Eurogroup, Berlin, qui contribuera jusqu'à 150 milliards d'euros au plan européen de soutien à la zone euro, a donc décidé de faire cavalier seul, prenant de court les marchés financiers et les autres gouvernements européens.
«La réaction des places financières est une aberration d'un marché qui regarde chaque nouvelle sous l'angle du verre à moitié vide» a jugé Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse. Le gérant regrette toutefois la manière de faire.
«Une fois de plus, on assiste à un manque de discours coordonné de la part de l'Eurogroupe. Or, dans la période actuelle, ce n'est pas bon». L'Allemagne s'est également attirée les foudres de la France. En revanche, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lui a apporté son soutien.