Marché financier: La Bourse est-elle encore trop chère? La place traite à un PER de 19 fois Le rendement moins intéressant En dépit d’une orientation à la baisse des cours dans le très court
terme à la Bourse de Casablanca, les analystes demeurent optimistes. «La
correction qu’a subie la Bourse en ces derniers jours n’a rien de
méchant», tempère d’emblée l’un d’entre eux. En effet, il n’y a rien
d’alarmant puisque le marché reste dans des proportions certes négatives
mais attendues et prévisibles.
Pour preuve, bon nombre de cellules d’analyses et de recherches des
banques d’affaires avaient prévenu le public d’un éventuel retournement
de situation à la baisse après le début euphorique de 2011. Cependant,
certains s’interrogent même sur les fondements de cette euphorie du
début d’année.
Après avoir fait leurs comptes suite à la publication des résultats
annuels des sociétés cotées, les analystes sont, c’est le moins que l’on
puisse dire, quelque peu déçus. Et pour cause, le consensus marché
tablait sur une progression moyenne de 11 à 12% de la masse bénéficiaire
des sociétés de la Bourse de Casablanca (entre 10% pour les plus
pessimistes et 15% pour les optimistes). Or une fois le compte fait, le
résultat net global du marché n’a progressé que de 8,8% à près de 31
milliards de DH., c’est certes une progression plus forte que le PIB,
mais insuffisante. Même remarque pour l’activité totale des sociétés
cotées qui fait légèrement mieux avec une amélioration de 12% à 210
milliards de DH. Résultat: «un différentiel entre les projections et les
réalisations, de l’ordre de 3 milliards de DH sur la masse
bénéficiaire», calcule un autre analyste. Et les valeurs décevantes sont
nombreuses, notamment les cimenteries, les agroalimentaires, sociétés
de financement…
A cela s’ajoute un nombre record de profit warning. Un nombre qui,
selon le marché, est probablement amené à augmenter dans l’avenir compte
tenu du renforcement de la surveillance du CDVM sur le volet de
l’information financière. Et peut-être aussi de la montée des risques
globaux dans le tissu économique.
Parallèlement aux valeurs qui ont déçu, certaines ont particulièrement
surpris et d’autres n’ont fait que confirmer: des bancaires, des
immobilières, des sociétés de portefeuilles… Elles ont pu ainsi sauver
la face.
Dans ces conditions, le marché va être contraint de revoir ses
prévisions pour 2011 à la baisse. Certains vont même jusqu’à prévoir une
croissance, la masse bénéficiaire du marché se situerait à 5 et 10%.
Cependant, ils s’interrogent: «Est-ce que la place vaut cette
croissance?» Probablement pas puisqu’elle présente un niveau de
valorisation qui reste relativement cher (environ 19 fois les
bénéfices). Même à ces niveaux, la place pouvait mettre en avant pas le
passé (il y a à peine quelques années), une croissance bénéficiaire à
deux chiffres et un rendement de dividende intéressant (3,7%).
«Aujourd’hui, suite à la publication des résultats, le rendement est
passé à 2,8%», soutient-on au sein du marché. Principale raison: les
sociétés qui distribuaient le plus de dividendes ont baissé leur «pay
out» cette année. Il y a également une raison mécanique liée à la hausse
des cours en début d’année qui a fait reculer les taux de rendements.
A tout cela, il faut finalement greffer l’environnement international
qui a poussé les investisseurs étrangers à retirer les positions en
Bourse. Résultat: une détérioration de la confiance des locaux qui se
sont mis soit en attente, soit à la vente.
Même si la période d’incertitude (pas forcément la baisse) devrait se
prolonger jusqu’à la rentrée en septembre. Néanmoins, la correction que
connaît la place depuis quelques jours doit être relativisée. Sur un
horizon plus long, les analystes maintiennent leur confiance sur
l’avenir de la Bourse. Ils estiment que les crises sont dans la plupart
des cas bénéfiques. «Elles permettent de mener des réformes d’envergure
institutionnelles, sociales et économiques» (voir infra). Ils y voient
même une aubaine. «Dans de pareilles situations, il y aura de l’écrémage
sur le marché», se réjouit l’un des opérateurs. Concrètement, une fois
la tendance inversée, seules les valeurs solides disposent de
fondamentaux intéressants qui pourront profiter de la reprise.
En attendant dans de pareils cas d’instabilité, l’analyse technique
paraît être un outil efficace pour contrer la volatilité. Elle permet de
prendre les décisions nécessaires et adéquates. Contrairement aux
analyses financières et économiques, qui sont vite dépassées dans des
périodes d’instabilité, l’analyse technique renseigne non seulement sur
le sens dans lequel il faudra se positionner mais également le timing
sans négliger la dimension risque.
Entre-temps, la Bourse a retrouvé un semblant de couleur. Elle a récupéré plus de 3% au cours des deux dernières séances.
Les belles surprises quand même
Dans ce marché qui a globalement déçu, les surprises ont émané des
grosses capitalisations. Ainsi Addoha, qui a tenu en haleine tous les
acteurs du marché, a surperformé. Le promoteur immobilier a dépassé
toutes les prévisions en réalisant des croissances quasiment à trois
chiffres de ses agrégats financiers. Attijariwafa bank, BCP et Ittisalat Al Maghrib ( Maroc télécom ) ont
également fait forte impression avec des résultats annuels en expansion.
M. A. B.