Bourse : Après les résultats, les pronosticsÀ peine le voile a-t-il été levé sur les réalisations 2010 des
sociétés cotées, que la communauté boursière se tourne déjà vers les
pronostics pour l’exercice 2011. À ce titre, BMCE Capital Bourse ne
manque pas de réactivité et vient de rendre public son traditionnel
trimestriel boursier qui donne, en plus des recommandations de la
société de Bourse, une vision d’ensemble sur le marché. D’emblée,
l’analyse de BKB fait ressortir une évolution prévisionnelle des
bénéfices de la cote, à hauteur de 9,7% en 2011 et 10% en 2012. Ils
devraient ainsi s’établir à 33,1 milliards de DH et 36,4 MMDH
respectivement. En d’autres termes, les sociétés cotées devraient
maintenir le rythme de leur croissance, affiché déjà en 2010. Pour
rappel, après la publication des résultats annuels, le solde des
bénéfices de la cote est ressorti à 30,3 MMDH, soit une performance de
+9,3% comparativement à 2009. Qu’est ce qui explique donc cet optimisme
des analystes ? Le potentiel des sociétés cotées est-il réellement aussi
important ? Une première lecture des prévisions de BMCE Capital Bourse
nous amène à déduire que la cote sera principalement portée par les
entreprises financières en 2011. Dans ce sens, on prévoit au sein de la
société de Bourse un accroissement de 14,7% des réalisations du secteur
en 2011 et de 10,5% en 2012.
En tout, les bénéfices générés par ces entreprises devraient se
situer respectivement à 9,6 MMDH et 10,7 MMDH respectivement sur les
deux exercices. «Concentrant toujours la quasi-totalité des bénéfices,
le secteur bancaire devrait dégager en 2011 et en 2012 des RNPG de 9,1
MMDH et de 10,1 MMDH, en progression de 13,1% et de 10,2%
respectivement», expliquent les analystes de la société de Bourse. Dans
le même sens, les sociétés de crédit à la consommation cotées à la tour
de verre du boulevard des FAR devrait également faire croître leurs
performances sensiblement. Selon les estimations, les bénéfices de cette
catégorie d’organismes devraient bondir de 89,6% en 2011, puis de 20%
en 2012. Cette hausse est imputable à un retour à la normale de
l’activité des sociétés de crédit à la consommation, qui devrait
reprendre en 2011, ainsi qu'à l’allégement des charges de risques,
lesquelles se sont considérablement renforcées lors de ces deux derniers
exercices. «Idem pour les sociétés de leasing, qui devraient
enregistrer des résultats nets de 151,1 MDH et de 160,8 MDH, soit des
variations respectives de +5,6% et +6,4%», ajoute-t-on auprès de BKB. En
revanche, de tous les secteurs financiers, c’est celui des assurances
qui ferait exception, en inscrivant ses performances en repli.
Les analystes anticipent ainsi une baisse de 0,5% des bénéfices du
secteur en 2011, en raison principalement des contre-performances
attendues pour Wafa Assurance et Atlanta, lesquelles devraient gagner
respectivement -3,9% et -8,8% de moins qu’en 2010. Cependant, «En 2012,
le secteur devrait renouer avec la croissance, progressant de +7,2% à
MAD 1,4 Md», relativisent les analystes de BKB. Hormis le secteur des
assurances, les prévisions ressortent largement positives pour les
autres secteurs de la cote, à l’image des activités industrielles. Dans
ce sens, l’immobilier devrait continuer à tirer le marché vers le haut,
avec notamment des bénéfices attendus en hausse de 30% en 2011 et de 31%
en 2012. Dans une proportion moindre, la filière agroalimentaire cotée
devrait se renforcer de 12,7% à 2,0 MMDH en 2011 et de 7,6% à 2,1 MMDH
en 2012. Celle-ci, même avec des performances modérées, devrait
contribuer sensiblement à la hausse des bénéfices de la cote, vu qu’en
2010, leur contribution était négative (-9,8%) Si ces prévisions
devaient se réaliser, quel en sera l’impact sur les indicateurs du
marché ? En tenant compte de ses bénéfices, le niveau de cherté estimé
du marché s’établirait à 17,4 fois les bénéfices escomptés en 2011 et
15,9 fois les bénéfices attendus en 2012. Estimé à 18,2 fois les
réalisations de 2010, le PER du marché s’inscrit donc dans une tendance
baissière pour les deux prochains exercices, «laissant apparaître un
potentiel théorique de croissance du marché de 8,8% en 2011 et de 8,7%
en 2012», déclare-t-on à BKB. Hors le secteur de l’immobilier, les PER
cibles du marché ressortent à 16,4x en 2011 et à 15,3x en 2012. Dans ce
contexte, et tenant compte de ses prévisions, la société de Bourse a
revu ses recommandations. Comparativement au dernier rapport trimestriel
boursier publié post-résultats semestriels des sociétés cotées, BMCE
Capital Bourse a intégré 12 nouvelles valeurs à son portefeuille
recommandés à l’achat, alors que cinq autres ont été rétrogradés.
Notons que 6 valeurs ont été suspendues au premier trimestre 2011 à
savoir Diac Salaf, Unimer, HPS, Ennakl, Med Paper et Mediaco. En
revanche, BMCE Capital Bourse recommande de vendre 5 valeurs et d'en
alléger deux, de conserver 25 valeurs et d'en accumuler 18.
- Addoha et BCP incontournables
Sur quoi faut-il
miser en 2011 ? À voir les recommandations à l’achat de BMCE Capital
Bourse, les investisseurs n’ont que l’embarras du choix. Pas moins de 15
valeurs sont recommandées par les analystes des sociétés de Bourse,
dont certaines grosses cylindrées de la cote, à l’image d’Addoha et de
BCP. L’opérateur immobilier bénéficie en effet du meilleur potentiel de
hausse selon les analystes de BKB, ces derniers calculant le cours cible
de la valeur à 154 DH alors qu’elle ne cotait qu’à 103,85 DH au terme
du premier trimestre. Cette décote de 48,6% affichée par Addoha s’est
même renforcée depuis puisqu’à l’heure où nous mettions sous presse, le
titre cotait à 100 DH. De son côté, BCP fait l’exception en étant la
seule valeur bancaire recommandée à l’achat par BKB (BMCE étant exclue
pour des raisons déontologiques) avec notamment un cours cible pouvant
atteindre 493 DH contre une cotation de 388 DH à la mi-séance de mardi.
Parmi les autres valeurs à acheter selon BKB, on retrouve Snep, Risma,
Samir, Holcim, IB Maroc ou encore Lydec.
- Les assureurs à accumuler
Elles présentent un
potentiel de hausse compris entre 6% et 15% et sont assez attractives.
Elles, ce sont les valeurs dont la recommandation est à accumuler. BMCE
Capital Bourse en a recensé 19. Celles qui frôlent la recommandation à
l’achat sont Auto Hall, Disway et Lafarge Ciments, lesquelles présentent
des décotes supérieures à 12%. À noter que les trois compagnies
d’assurance cotées sont toutes recommandées à l’accumulation, à savoir
CNIA Saada, Wafa Assurance et Atlanta. Cependant, si les filiales
respectives des Groupes Saham et SNI présentent quasiment le même
potentiel de hausse inférieur à 10%, Atlanta se distingue
particulièrement en affichant une décote potentielle de 14%. Par
ailleurs, hormis Wafa Assurance, trois autres filiales de SNI figurent
dans ce groupement, à savoir Lesieur, Cosumar et SMI. Cela dit, leur
potentiel de hausse reste moins important que celui de la compagnie
d’assurance en dépassant de peu 6%.
- Les mauvais élèves
Les boursicoteurs devraient
se débarrasser de quatre valeurs. C'est du moins ce qui ressort du
diagramme des recommandations de BMCE Capital Bourse. L'analyse n'a en
effet pas été tendre avec Sofac, Acred, Involys et Oulmès. Ces quatre
sociétés risquent ainsi de voir leur cours se déprécier de plus de 16%
comparativement à leur niveau de fin mars, à commencer par Sofac. Avec
un cours cible de 224 DH, les analystes estiment que la valeur est
surévaluée par le marché, surtout que les prévisions font état d'un
résultat déficitaire en 2011. Même constat pour Acred dont le cours
théorique est ressorti à 540 DH alors qu'il s'échange à plus de 800 DH.
La méfiance des analystes tient également compte du ratio de
solvabilité, lequel ne permettra pas à Acred de faire face à un éventuel
relèvement à 12% par l'autorité de régulation. Si ce changement
réglementaire devait se concrétiser, Acred serait contrainte de
recapitaliser. De son côté, Involys paie le prix du manque de confiance
que lui témoignent les investisseurs. Durant les trois premiers mois de
l'année, la valeur a perdu plus de 13%, sachant qu'elle reste à des
niveaux de cherté assez élevés avec un PER de quasiment 60 fois les
bénéfices réalisés. Quant à Oulmès, son cours devrait corriger la forte
hausse induite par la promesse de dividende exceptionnel suite à la
plus-value réalisée sur cession de l’activité sodas.
- En stand-by
On les surnomme souvent les indices.
Ce sont les valeurs dont la performance du cours devrait se situer à
court terme entre +6% et -6%. Cette catégorie, BMCE Capital Bourse
recommande de la conserver dans les portefeuilles. Elle regroupe pas
moins de 17 valeurs, parmi lesquelles on retrouve Maroc Telecom,
Attijariwafa bank, BMCI, Sonasid, Maroc Leasing et CGI... Ces valeurs,
souvent sous le feu des projecteurs en Bourse, intègrent déjà leurs
fondamentaux économiques et leurs perspectives de croissance dans leurs
cours boursiers. Ceci ne laisse plus de grandes marges d'évolution, ni
dans le vert ni dans le rouge, d'où la recommandation de les conserver
jusqu'à nouvel ordre. À ce titre, il convient de citer les exemples
d'Attijariwafa bank et Sonasid. Le groupe bancaire affiche aujourd'hui
des perspectives prometteuses en termes de croissance, mais cela est
déjà intégré par le marché, puisque la valeur a récemment connu une
phase haussière qui a rapproché son cours boursier de celui théorique.
Idem pour le sidérurgiste dont la valeur a accusé dernièrement une forte
chute, laquelle a permis d'absorber les perspectives moins prolifiques
qui s'annoncent pour l'exercice à venir.
- Les surévaluées de la cote
Deux banques et une
société de financement... Le secteur financier constitue 50% des valeurs
que BKB recommande d'alléger. En effet, les analystes estiment que
Crédit du Maroc et CIH sont des valeurs surévaluées par le marché compte
tenu de leur cours théorique. Les deux valeurs représentent selon les
calculs de BMCE Capital Bourse des surcotes supérieures à 10% et donc
risquent de corriger sur le marché. En revanche, Taslif s'inscrit dans
une logique de performances opérationnelles en berne puisqu'elle a
clôturé l'année sur un déficit de 90 MDH. Cependant, ce qui intrigue le
plus les analystes est le manque de visibilité concernant le dénouement
de l’opération d’escroquerie dont a été victime la société en 2010. Cela
dit, il n'est pas exclu que cette opinion soit revue à la hausse si les
deux augmentations de capital devant être proposées à l'AGE se
concrétisent. Par ailleurs, Managem est la grosse cylindrée de ce
peloton. La filiale minière de l'ONA a en effet vu son cours s'inscrire
en forte hausse en 2010, chose qui fait qu'il s'est déconnecté du cours
théorique et une correction pourrait être envisageable malgré les bonnes
perspectives que présente la société.