Que faire avec la Bourse aujourd’hui?
Les cours baissent alors que les fondamentaux restent corrects
Dommage que les grandes assurances ne soient pas à la cote
Source: BKB Les analystes de BMCE Capital Bourse prévoient une hausse des cours
pour le dernier trimestre et sur l’année prochaine, un optimisme qui
n’est pas partagé par tout le marché, où d’autres analystes pensent
qu’il faut attendre le début, voire la mi-2012.
Paradoxalement,
la place casablancaise dispose d’une multitude d’indices boursiers
alors qu’il existe un déficit considérable en termes d’indicateurs de
fond!
Normalement, les investisseurs réagissent à l’annonce des
résultats, en hausse s’ils sont meilleurs que prévu, en baisse s’ils
sont moins bons que prévu. Mais cela ne marche pas ainsi à la Bourse de
Casablanca.
Auprès de Art Bourse, on explique que cette absence de
réaction tient aux trop faibles volumes du marché: «Avec des séances de
50 millions de DH, personne ne peut effectuer des corrections, ni à la
hausse ni à la baisse, bien contents si on trouve une ou deux actions à
vendre ou à acheter ». Une ou deux actions qui font le cours du jour…
lequel n’a donc pas de signification, ajoutent les traders.
De plus,
disent les petites sociétés de bourse (Sociétés de bourse), le gros des transactions
est concentré sur une poignée d’opérateurs dont Attijari et BMCE, CDG et
CFG: «Cela ne rend pas le marché très souple», concluent les petites
Sociétés de bourse. Un point de vue qui est contesté par les autres, évidemment.
Enfin,
le marché lui-même reste polarisé sur quelques grandes capitalisations,
sur lesquelles se fait l’essentiel des transactions… et dont le cours
commence à avoir du sens (pas toujours!). Pour les petites
capitalisations, le cours ne reflète pas grand-chose.
Une fois posés ces handicaps de la Bourse de Casablanca, il faut quand même passer à l’analyse des fondamentaux.
Les
prévisions de croissance bénéficiaire pour 2011 ont été revues à la
baisse. Une société de Bourse, Attijari Intermédiation, a réduit ses
prévisions à 4,3% contre 8,9% en mars dernier. D’autres sont plus
pessimistes. BMCE estime que la croissance des bénéfices va plafonner à
0,5% cette année; Mais elle est très optimiste pour 2012 et parie sur
une croissance de 13,2% des bénéfices des sociétés cotées. Notons que la
consommation électrique, l’achat de voitures et de ciments viennent de
se reprendre fortement. Des indicateurs qui donnent à penser qu’une
reprise est en cours, en dépit de l’état préoccupant des finances
publiques. Dans cette veine, BMCE Capital Bourse considère que les
bénéfices de l’exercice 2012 seront de 34,4 milliards de DH, contre 30,4
milliards pour cette année. Pour rappel, les bénéfices de l’exercice
2010 ont été de 29 milliards.
Soulignons que Maroc Telecom apporte le
tiers des bénéfices: donc le moindre affaiblissement chez lui affaiblit
toute la Bourse. La taille de Maroc Telecom, face à l’économie
marocaine, est telle que le versement des dividendes à Vivendi (son
actionnaire de référence) pèse donc fortement sur les réserves de
changes.
L’autre secteur qui fait la pluie et le beau temps de la
croissance de la Bourse est le secteur bancaire. Les banques cotées
devraient dégager 9,1 milliards. Les prévisionnistes pensent qu’en 2012,
les banques seront capables d’apporter 10,2 milliards de DH à la
capacité bénéficiaire de la cote.
C’est donc sur ces deux géants qu’il faut porter son regard pour essayer de deviner ce que vont faire les cours.
Le
dernier tiers des entreprises cotées est naturellement très diversifié,
assez peu liquide, du fait même de la petite taille, donc du petit
flottant. Une mention particulière cependant pour Addoha (Douja
Promotion, de son vrai nom) qui donnera, vraisemblablement, 2 milliards
de DH pour l’exercice en cours. La filière des mines et pétrole
donnerait également 1,7 milliard de DH
Certes, les compagnies
d’assurances devraient cumuler en 2011 et en 2012 des bénéfices
respectifs de 1,4 et de 1,5 milliard de DH. Soit une hausse
spectaculaire de 5,1 et de 7% respectivement. A regretter que les plus
grosses compagnies d’assurances ne soient pas cotées. Par exemple, le
secteur tout entier va sortir quelque 26 milliards de DH de bénéfices
cette année. Seulement 1,4, soit 5%, passera par la Bourse.
Quelques «reco» de CFG
Casablanca Finances Group, la plus ancienne des sociétés de Bourse de la place, a donné ses recommandations:
Lafarge: Vendre, le cours cible devrait être de 1.324 DH
Holcim: Conserver, le cours cible devrait être de 1.860 DH
Addoha: Acheter, le cours cible devrait être de 144 DH
Alliances: Acheter, le cours cible devrait être de 750 DH
Salafin: Conserver, le cours cible devrait être de 560DH.
Réda BENSAOUD