رتاح رتاح يا حفيظ س نواصل الكفاح
Comme on pouvait s’y attendre, le groupe immobilier Alliances, qui traverse depuis plusieurs mois de graves difficultés financières, vient d’émettre un « profit warning » au titre de ses résultats de l’année 2015. Cette annonce vient donc confirmer le sentiment des analystes qui estiment que ADI n’est pas encore sur la voie du redressement, alors que le management, désormais sous l’autorité d’un nouveau DG, M. Ahmed Amor, promet que cela ira mieux…plus tard, c’est-à-dire pas avant le second semestre 2016. Car la problématique de la dette d’Alliances n’est pas vraiment résolue à ce jour puisque le groupe immobilier traine encore un boulet d’environ 5 milliards de dirhams qu’il doit à divers créanciers.
Certes, depuis la fin décembre 2015, ADI est en négociation pour en annuler une partie en échange de dations en paiements ou, plus simplement, de biens immobiliers. Naturellement, ce type de négociations s’appuie sur une évaluation de terrains, villas dans des resorts golfiques comme Al Maaden à Marrakech, ou encore des appartements. Mais, celle-ci s’avère difficile par les temps qui courent car le secteur de l’immobilier connaît une mévente et les prix des biens sont en baisse. Comme l’on peut l’imaginer, Alliances et ses experts essayent de fixer des prix sur la base de ceux pratiqués avant la crise, alors les détenteurs d’obligations pourries d’ADI essayent de minimiser le risque de pertes supplémentaires sur les biens pris en échange de leurs titres de dettes.
C’est pour ces raisons que les négociations n’ont pu aboutir entre les gestionnaires de fonds d’OPCVM et Alliances. Même si ces gestionnaires ont, au cours d’une AG, nommé un représentant chargé de porter le point de vue commun. En effet, au final, ces derniers ont repoussé en bloc les dations en paiement, concluant qu’ils n’avaient pas pour nature de détenir des biens immobiliers. Leur préférence irait à une nouvelle émission obligataire réunissant les différentes lignes à une nouvelle échéance, mais qui serait garantie par des actifs d’Alliances. On rappellera qu’une telle solution avait été appliquée, il y a deux ans, par Addoha car admise par l’ensemble de ses créanciers. Mais, pour ADI, la problématique est différente car toute nouvelle émission dépend de la solution d’une dette d’Alliances envers la CDG, qui porte sur un montant d’un milliard de dirhams !
Le meilleur pour la CDG !
La négociation avec cette institution financière étatique, déjà investie dans l’immobilier par la CGI interposée et qui dispose d’une réelle expertise en évaluation de biens immobiliers, serait en cours.
La CDG serait susceptible de solder ses obligations d’Alliances contre des biens du groupe dont l’actionnaire principal est M. Alami Lazraq. On rappellera que la Caisse a déjà récupéré le projet Chwiter, d’Alliances Darna, près de Marrakech. Elle pourrait également reprendre le projet Moulay Ibrahim, une partie du projet Akenza, une partie du projet Al Maaden et le projet Nejmat Saïss, à Fès.
La CDG saurait, certes mieux que quiconque, évaluer ces projets à travers leurs valeurs actuelles et futures, au point où si, aujourd’hui, elle semble contribuer à sauver Alliances en allégeant la dette d’un cinquième de son poids, elle sait surtout, dans le même temps, lui prendre ses meilleurs actifs !
Précisons que la CDG, si elle devait procéder au remplacement de sa créance envers Alliances par des dations en paiement, ne mettrait pas du tout la main à la poche, puisqu’elle se contenterait d’échanger les titres de dettes qu’elle possède contre des biens…Que deviendrait Alliances après toutes ces opérations qui la dépouillent petit à petit ? C’est une question qui trouvera une réponse à l’issue seulement de toutes les négociations portant sur la restructuration de ses dettes. Et le mot de la fin ne sera donné qu’au moment où une nouvelle émission regroupant la dette non compensée sera réussie …
Afifa Dassouli