Cartographie de la pauvreté: La fracture régionale
2,2% de pauvres à Laâyoune contre 15,6 dans le Gharb
LA régionalisation devant favoriser, entre autres, l’ancrage de la bonne gouvernance locale et le développement socio-économique, ne fera pas que des heureux. En atteste la dernière carte de la pauvreté 2007 du HCP.
Au-delà de la baisse relative continue du taux de pauvreté au niveau national, passant de 15,3% à la fin des années 90 à 8,9%, les disparités régionales laissent entrevoir des poches de tensions sociales latentes dont les premiers signes tangibles sont apparus lors des manifestions du 20 février dernier. La dynamique de développement urbain, avec d’un côté des métropoles qui tirent l’économie du pays vers le haut, cache mal la misère ceinturant le plus souvent les quartiers chics ou les réserves touristiques haut de gamme comme la Palmeraie de Marrakech. Celle-ci se traduit également par une baisse de la pauvreté en milieu urbain, de 7,6 à 4,8%.
Il y a aussi dans ce Maroc qui crée la richesse, un maillage de petites communes et provinces. Le monde rural affiche également un taux en net recul, passant de 25 à 14,4%. Néanmoins, dans certains grands centres urbains comme Marrakech, Agadir, Fès, El Jadida ou Kénitra, des poches de pauvreté, elles aussi cachées par des politiques tape-à-l’œil, semblent y élire domicile pour longtemps. Fès, où pourtant des projets d’investissement à coup de milliards sont annoncés chaque jour par son tonitruant maire et syndicaliste istiqlalien, Hamid Chabat, enregistre des taux de pauvreté urbain et rural supérieur à la moyenne nationale (voir tableau page 4). Au vu de son classement, 12e sur les 16 régions, Marrakech soulève bien des interrogations aux côtés de son alter ego Agadir, 13e. Où vont les milliards de dirhams du tourisme réalisés dans ces régions? De toute évidence, l’économie touristique ne profite pas aux populations environnantes.
Le constat de la fracture entre les différentes régions est net. Il y a de vraies lignes de partage selon que l’ensemble territorial est sous perfusion de la subvention de l’Etat (Laâyoune, Oued Eddahab…) ou concentre l’industrie, la finance, les services et les sièges sociaux (Casablanca, Rabat, Tanger…)… Seul espoir, la baisse soutenue du taux de vulnérabilité. Il est passé de 22,8 à 17,5% au niveau national, de 16,6 à 12,7% en milieu urbain et de 30,5 à 23,6% dans le monde rural.
Selon la méthodologie, les données du rapport offrent un diagnostic de la pauvreté relative, la vulnérabilité économique et l’inégalité des dépenses de consommation. Toutefois, elles reflètent la situation socio-économique du pays en 2007 qui, de surcroît, se rapportent au découpage administratif de 2004.