[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Article de La Nouvelle Tribune par Afifa Dassouli
En annonçant, en septembre dernier, des irrégularités comptables constatées sur les comptes de ses deux sites hôteliers Sofitel à Agadir et en constituant une provision de 50 MMAD au 30 juin 2015, le Directoire de Risma, unique société du secteur du tourisme cotée à Casablanca, ne croyait pas que les dégâts seraient aussi importants que ceux révélés par l’audit diligenté dans ces hôtels sur la période de janvier à août 2015. Car, les manipulations sur les comptes des hôtels concernés pour afficher de meilleurs résultats économiques ont atteint les 5 millions de dirhams !
Il s’agit notamment de diverses natures de charges qui ont été déclassées dans des comptes du bilan. Il faut savoir que, par définition, une charge est propre à un seul exercice, alors que les comptes de bilans sont cumulatifs. En conséquence, les comptes de produits et de charges qui font ressortir le résultat d’exploitation, première étape de calcul des bénéfices ou des pertes, ont été enjolivés par le biais de diminutions artificielles de charges, transférées dans d’autres comptes. Et donc, le RNPG, (Résultat Net Part du Groupe), de Risma pour l’exercice 2015, après correction de ces fautes d’enregistrement comptables, sera amputé de 22 MMAD, engendrant une diminution de 110 MMAD des capitaux propres consolidés, (impacts sur les exercices antérieurs à 2015). Dans les comptes sociaux, l’impact sur le résultat avant impôt sera de 132 MMAD, ce qui met la société cotée en perte de 180 Millions de dirhams à fin 2015.
A priori, Risma s’est retournée contre AGM, (Accor Gestion Maroc), la société de gestion de ses actifs immobiliers, dirigée par le groupe ACCOR, lui reprochant essentiellement un manque de supervision du service financier concerné et à fortiori, la légèreté de son directeur financier, en charge de l’enregistrement comptable, l’élaboration, la vérification et le contrôle des comptes des hôtels .
Mais AGM, qui a été la première à identifier ces malversations et à réclamer un audit détaillé, semble lui retourner les mêmes reproches du fait que Risma intervient juste après la formation du résultat d’exploitation et qu’elle aurait elle-aussi manqué de vigilance.
Certes, Risma a porté plainte contre les auteurs dont le Directeur général, le directeur financier et ses équipes, coupables, aux yeux de Risma , des dissimulations de charges depuis plusieurs années et des manipulations comptables constatées. Mais, il semblerait que le DG d’AGM ait été totalement blanchi. C’est peut être la séparation dans AGM de la gestion des hôtels Sofitel qui a causé un certain flou et a permis ce genre de malversations au niveau de la société de gestion d’Accor. On peut aussi noter l’absence de vigilance de la direction financière de Risma – en charge du contrôle financier -et s’interroger sur la manière dont les comptes ont été certifiés par les Commissaires aux comptes !
Risma a donc entrepris des démarches pour obtenir réparation des préjudices subis et a demandé à la société de gestion de prendre les mesures nécessaires afin de renforcer le dispositif de contrôle interne, et ainsi éviter que ne puissent se reproduire des situations similaires. D’autant que la baisse de l’activité touristique a déjà amputé l’activité de Risma de 70 millions de dirhams.
Il faut donc espérer que la symbiose entre Risma et Accor Gestion Maroc ne soit pas affectée par tous ces problèmes. Mais rien n’est moins sûr compte tenu de la dégradation des relations observée depuis deux ans entre ces deux sociétés dont Accor – rappelons-le – est le plus gros actionnaire. Et, in fine, ce qui reste à savoir pour les années où le camouflage de charges est intervenu, c’est de combien le résultat de chaque exercice a-t-il été enjolivé…